Je ne vous apprends rien, il y a plusieurs façons d’avoir un enfant et plusieurs formes de famille. Ici, nous nous intéressons au rôle du père dans un couple hétérosexuel lorsque la maman a porté l’enfant.
Vous avez sans doute entendu parlé de ce jeune papa qui rentre du boulot, pose ses fesses sur le canapé et dit être crevé de sa journée. Vous la voyez, Elle ? Debout, derrière ce canapé les cernes jusqu’au genoux dire « Moi, ça va, merci de demander… » et aller étendre une machine pour la 15ème fois de la journée, en préparant le repas pour Bébé et le reste de la famille le tout en cherchant le doudou de Bébé pour calmer ses pleurs.
Un homme qui prend son rôle de père au sérieux cela existe et il faut aussi en parler (au risque d’en inspirer plus d’un).
Afin de rompre avec les clichés, j’ai rencontré Kévin alias @papapieuvre sur Instagram. Il tient un super compte où il raconte son quotidien de papa de jumeaux et de mari impliqué. Je l’ai choisi pour répondre à mes questions car il aborde lui-même la place des papas pendant la grossesse et le post partum.
Vous n’allez pas être déçu de ses réponses !
Prendre sa place de papa : simple ou pas ?
Inès : Prendre ta place de père a-t-il été simple ?
@papapieuvre : Alors, j’ai très vite compris que simple ou pas il allait falloir que je prenne ma place de père très rapidement.
Lorsque nous avons appris la grossesse cela a été un réel bouleversement puisque nous ne nous y attendions absolument pas.
Le deuxième bouleversement a eu lieu pendant la 1ère échographie. La sage-femme nous a dit cette phrase dont je me souviendrais toujours « Ah, il y en a AU MOINS DEUX, je n’arrive pas à voir s’il y en a un troisième ou non ». Nous avons dû attendre 15 jours pour que l’on nous confirme qu’il n’y en avait « QUE » deux.
C’était alors évident. Il fallait donc plus que jamais que je saisisse toute l’importance de mon rôle et que je prenne ma place de papa.
Bien que cela a été très difficile d’imaginer que nous allions devenir parents, ça a tout de même été simple puisque nous avons voulu immédiatement nous projeter. Nous avons acheté toute la chambre des bébés à 2 mois de grossesse seulement.
Ce n’est pas toujours évident de se dire « dans quelques mois nous serons 3 ou bien 4 ». Cependant, une fois que la décision est prise, il faut investir la grossesse, la naissance, le post partum, et son rôle de père. Et ce, sans perdre de vue celui de conjoint, de chéri, de mari. Avant d’être des parents nous sommes un homme et une femme. Il ne faut pas l’oublier pour ne pas s’oublier. »
La présence du papa pendant la grossesse
Inès : Quel a été ton rôle pendant la grossesse de Pauline ?
@papapieuvre : Surtout l’accompagner, la soutenir et être là pour elle c’est le plus important.
La grossesse de Pauline s’est relativement bien passée, mise à part le fait qu’elle a été arrêtée tôt au vu de la grossesse gémellaire.
Dans l’ensemble c’était une « bonne grossesse ». Elle n’a pas été trop malade.
Il y a des semaines où je n’ai pas pu être présent physiquement parce que j’étais en formation à l’autre bout de la France, à mon grand désarroi. Et puis, le Covid est arrivé et j’ai pu bénéficier du télétravail.
Quel bonheur d’être à la maison !
Même à l’autre bout de la France j’essayais d’être le plus présent possible pour Pauline. Mais ça n’a pas été facile pour elle d’être seule à la maison. Elle était limitée dans ses mouvements et ne pouvait pas faire grand-chose à part attendre.
Je partais le lundi à 4h du matin et je rentrais le vendredi soir. Malgré la fatigue et les 6h de route je ne me serais pas vu faire autrement.
Je crois que le rôle du Papa pendant la grossesse c’est être présent. C’est soutenir la maman mais pas que !
C’est aussi de se renseigner, se documenter, participer encore plus à toutes les tâches ménagères. Eh oui, les hommes PARTICIPENT aux tâches ménagères et ils n’AIDENT pas, comme on l’entend souvent. Et surtout, il s’agit d’être aux petits soins avec la future maman.
La bienveillance du papa à la naissance de Bébé
Inès : Quelle place as-tu pris à la naissance de tes jumeaux ?
@papapieuvre : On ne parle pas assez du post-partum, vraiment pas assez. Dans le cas des grossesses multiples, je n’en parle même pas. Personne ne nous y prépare.
Être parents de jumeaux c’est difficile. Tellement plus difficile qu’on le croit et qu’on l’imagine.
On nous dit souvent « Oh mais c’est deux fois plus de bonheur ». Il y a des jours où c’est vrai oui, mais c’est surtout deux fois plus de contraintes, deux fois plus de stress, d’angoisse, deux fois plus de travail. Quand nous sommes seuls avec deux bébés en très bas-âge nous ne profitons pas comme lorsqu’il n’y en a qu’un.
C’est une réelle angoisse. Je pense que tous les parents de multiples peuvent le dire.
Notamment, le problème avec deux nourrissons est que nous ne pouvons pas nous consacrer à un seul quand il pleure ou qu’il est fatigué.
Physiquement c’est difficile et psychologiquement c’est parfois atroce.
Mon rôle dans le post partum est d’être présent. De faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que Pauline aille bien et mieux. La maman doit sortir de ce post partum plus enrichie et grandie que jamais.
Je fais le maximum de choses pour lui faciliter la vie afin de diminuer le stress et l’angoisse :
- préparation des biberons avant d’aller travailler ;
- ranger un peu avant qu’elle se lève ;
- lui préparer son petit déjeuner si j’ai le temps ;
- lui laisser un petit mot d’amour et d’encouragement sur la table du salon avant de partir ;
- penser à racheter des couches, passer à la pharmacie ;
- Etc.
Et surtout, ne pas attendre que Maman me dise tout !
Quelques conseils pour les futurs et jeunes papas qui veulent prendre leur rôle au sérieux.
Inès : Que conseillerais-tu aux futurs et jeunes papas ?
@papapieuvre :
« Fais des erreurs et profites à fond de ton bébé »
Futur ou jeune papa, soit présent ! Fait comme tu veux ou comme tu peux parfois… Et ne stresse pas car nous ne naissons pas papa, nous le devenons.
À toi qui lis cet article, tu feras des erreurs comme l’intégralité des papas du monde entier. Les erreurs sont faites pour apprendre.
Anecdote : Un jour Pauline est partie à un rendez-vous et m’a laissé les dosettes de lait en poudre préparées. Je n’avais plus qu’à les mettre dans le biberon chaud et les leur donner. À l’époque on utilisait de l’épaississant. Je pensais qu’elle ne l’avait pas mis. J’ai ajouté la dose d’épaississant et je leur ai donné. Quand elle est rentrée, on s’est rendu compte que j’avais merdé. Grosse panique de mon côté et sentiment de culpabilité. J’ai appelé le 15 pour avoir l’avis du médecin. C’est alors qu’il m’a finalement dit que ce n’était pas grave. Ils allaient juste bien dormir vu comment ils avaient dû être calés.
Tout ça pour dire que rien n’est grave ! Nous pouvons, nous devons, nous avons le droit de faire des erreurs. C’est ainsi que nous apprenons et que nous en faisons en fait moins. Et en plus, ça créé des souvenirs !
Surtout, éclatez-toi avec ton ou tes bébés ! Joue avec eux, danse, chante, soit heureux.
Les bébés ressentent les émotions. Ils comprennent quand ça va ou ça ne va pas et entendent quand les parents leur parle. Quand ça ne va pas dites-leur aussi, expliquez leur pourquoi. Vos bébés sont des membres à part entière de la famille. Nous devons les inclure.
Pour ma part, c’est comme ça que je m’épanoui !
Vous verrez, les mois passent à une vitesse hallucinante. Mes jumeaux ont déjà 7 mois et je n’ai pas vu le temps passer. Lorsque je regarde la galerie de mon téléphone et que je remonte en arrière, je vois à quel point ils étaient petits. Je ne réalise pas… ça passe vraiment trop vite.
La grossesse et le post partum sont des moments privilégiés avec la future maman. Ces épreuves nous rapprochent. Ce sont des moments de bonheur et de partage rien qu’à nous.
« La future maman a déjà une charge mentale énorme alors soulage-la ! »
Pendant le post partum fait tout ton possible pour qu’elle ne manque de rien. Pour qu’elle ait besoin de se préoccuper du moins possible de la maison, des courses, des tâches ménagères. Enfin, offre-lui des journées plaisir : un peu de shopping, une promenade, des moments à elle et rien qu’à elle.
Certes, nous sommes fatigués nous aussi. Nous rentrons du travail. Cependant, même avec mes journées de 12h, 4h de trajets quotidiens, je t’assure que c’est mille fois plus facile qu’à gérer un (deux pour nous) nourrisson qui pleure, souffre, et d’être impuissant face à ça.
D’ailleurs, nous pouvons lire des dizaines de livres, écouter des centaines de podcasts ou regarder des milliers d’émissions, chaque grossesse, naissance et post partum sont différents.
Tout le monde ne le vit pas de la même façon et c’est ça qui fait la difficulté de l’accompagnement.
Il ne faut pas hésiter une seule seconde à convaincre la maman de se faire aider. Nous pouvons avoir honte de voir un psychologue ou de demander de l’aide. Or, ce n’est pas une honte. Au contraire, c’est une marque de courage.
Kévin alias @papapieuvre sur Instagram.
On me dit dans l’oreillette que l’interview touche à sa fin… J’espère que cela vous a plu et vous a envoyé des ondes positives !
Voici un article qui a de quoi inspirer plus d’un papa.
À présent, dites-nous comment ça se passe chez vous dans les commentaires juste en dessous !
Papa est présent ou plutôt distant ? Quelles difficultés rencontrez-vous ? Comment faites-vous pour les surmonter ?
PS : Si vous voulez en savoir plus sur les origines de Freed Maternity, nous avons réalisé une petite interview à ce propos : cliquez ici pour lire cette interview.
«Prendre son rôle de père au sérieux » vous a plu ?
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